La Turquoise du monde islamique , par Samirâ Fâzel

La mosquée bleue, la turquoise du monde islamique

La mosquée Jahân Shâh ou la mosquée bleue de  Tabriz a été construite en 1465 par un émir qaraquyunlu, Abul Mozaffar Jahân Shâh ibn Qorâ-e-Yousouf,  dont l’épouse, Jân Beigom Khâtoun, a surveillé les travaux de construction.

Les textes historiques mentionnent ce monument somptueux en termes de l’« Édifice Mozafarieh ». En ce temps-là, Tabriz était une ville florissante et prospère. A la première moitié du XIe siècle, Kâtip Chelebi et Evliyâ Chelebi, les plus célèbres voyageurs de l’Empire ottoman ont visité cette mosquée ainsi que les Français Jean-Baptiste Tavernier et Jean Chardin, dans la deuxième moitié du même siècle.

« Le seuil de la mosquée est plus haut que celui de Taq-e- Kasrâ. Ornée de beaux carreaux, cette mosquée est munie d’un haut dôme. C’est une Grande mosquée ravissante où quiconque entre, il n’a pas le cœur de la quitter. »[1]

Jane Dieulafoy[2], voyageuse française qui parlait le persan, tenait un journal dans lequel elle décrivait d’une grande précision, non seulement ses constats sur les sites archéologiques d’Iran, mais aussi sur le milieu et la société persane. En l’occurrence, elle parle dans son journal de la mosquée bleue:

« Le plus ancien monument de Tabriz est la mosquée bleue construite au XVe siècle à l’époque de Jahân Shah Qaraquyunlu. Malheureusement, son dôme a été détruit par le séisme et une partie des murs s’est défaite. Elle a une cour avec les arcs décoratifs remarquables tout autour  et un bassin dans le centre pour faire les ablutions, une fontaine à ablutions.»[3]

Elle évoque ensuite le motif principal de la construction de cette mosquée : « Vu que Jahân Shah était dévoué au prophète et aux imams, il a ordonné d’insérer des carreaux sur lesquels on a écrit d’une façon différente « Ali Vali-e-Allah » et les noms des quatorze imams infaillibles. Le dallage de ce monument est très munificent non pas encore endommagé. La porte d’entrée s’ouvre directement sur le corridor ou le seuil. La grande mosquée centrale carrée se trouve dans le sud de seuil ayant 16.5 de côté et le grand dôme/coupole turquoise de la mosquée bleue est placé directement au-dessus de la salle principale de prière. Malheureusement le terrible séisme  de Tabriz en l’an 1192 de l’hégire (XVIIIe siècle) a détruit le dôme de la mosquée. De plus, le mihrâb en marbre s’est cassé dans le centre et tombé par la terre. »

Dans l’enceinte de la mosquée se trouvent la madrasa Jahân Shah et le musée d’Azerbaïdjan fondé en 1958. Le musée de la Constitution est le plus important secteur  de ce musée.

Architecture de la mosquée bleue

 La façade voûtée de la mosquée dont le fronton est carrelé magnifiquement est d’une splendeur toute particulière. Les matériaux appliqués dans l’édifice sont de briques assorties avec des pierres rares et précieuses. Les vestiges de la mosquée montrent que les briques ont été jointoyées par le plâtre. La mosquée avait différentes parties dont la cour carrée, un bassin symétrique pour les ablutions, les salles de prière, les iwans. Devant la cour, et en direction de la qibla, se trouve le monument principal de la mosquée de forme carrée. La hauteur des toits en arc est de 12m, reposant sur les quatre colonnes du monument. L’intérieur de la mosquée est embelli par de beaux éléments décoratifs et le sol est couvert de mosaïques brillantes. Les porches adhérés cernent la grande salle de prière qui s’attache de trois côtés aux porches proches et lointains ayant un toit en arc avec le diamètre de 17m. Le seul traité intéressant de ce dôme est sa fondation sur les quatre colonnes carrés et symétriques. Ainsi la grandeur et la beauté de cette mosquée doit à son architecture unique. On a un carré de 30m de longueur en séparant la salle des prières et le mihrab de monument principal.

Ce qui retient en premier lieu l’intérêt du visiteur, c’est la grandeur et la largeur du fronton disproportionnés avec les autres parties de monument. La hauteur du fronton est double de sa largeur mais quand on le regarde, il semble plus haut que sa mesure réelle. Ce fronton comprend trois parties : les deux grandes bases sur lesquelles on a appliqué un arc pointu et dans le centre de deux bases la porte entrée s’est placée. La marge de l’arc du fronton est composée d’une colonne en colimaçon. Alors tout art a été appliqué pour orner ce fronton.  Cette mosquée n’a pas de minarets.


[1]  Târikh-e- Jahânnamâ, de Kâtip Chelebi.

[2]  Jane Henriette Magre, née le 29 juin 1851 à Toulouse et morte le 25 mai 1916 au château de Langlade, à Pompertuzat, près de Toulouse, est une archéologue, auteur de romans, de nouvelles, de théâtre, journaliste, photographe. Elle épousa Marcel Dieulafoy.

[3] Journal de voyages, Jane Dieulafoy.

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